Le détecteur CO2 (dioxyde de carbone) assure la surveillance et le contrôle de la qualité de l’air en environnement intérieur.
Notre Dame de Paris : Dangerosité de la contamination au plomb
Le 15 avril 2019, l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris provoque l’effondrement de la flèche, ravage la toiture et la charpente de l’édifice. C’est près de 400 tonnes de plomb qui fondent, transformé en résidus solides et particules volatiles d’oxyde de plomb, qui se répandent dans l’air. Déplacées au grès des vents, les rejets de combustion retombent sur les toits, les voiries, les espaces intérieurs, les lieux publics et s’infiltrent aux alentours du site sinistré.
Les composés du plomb étant classés toxiques pour la reproduction et cancérogènes, des mesures de prévention particulières et un suivi médical renforcé spécifiques aux agents chimiques CMR sont requises pour les personnes exposées, notamment aux opérateurs sur chantier.
Les risques de l’exposition au plomb
Une intoxication au plomb peut entraîner pour tout individu des troubles sur le système neurologique, hématologique, rénal et cardiovasculaire. Le plomb peut pénétrer dans l’organisme par le nez (poussières, fumées) ou la bouche (mains sales, aliments souillés). Il a cependant la particularité de ne pas traverser la peau.
Le saturnisme correspond à une imprégnation excessive de plomb correspondant à 50 µg/litre de sang. La toxicité du plomb est liée à la quantité absorbé qui se voit fixé dans l’organisme sur les globules rouges. Le plomb est stocké dans plusieurs organes (foie, reins, cerveau, os) via les systèmes respiratoires et digestifs, avant d’être lentement éliminé. Dans les cas légers de saturnisme, le traitement consiste à supprimer l’exposition au plomb et à attendre l’élimination naturelle (3 à 6 mois). Dans les cas plus sévères, une élimination forcée du plomb se fait en recourant à des médicaments chélateurs. Ils ont pour propriétés de fixer les ions de plomb et de former un composé non toxique évacué rapidement par les reins.
Contrôle de l’exposition au plomb
Des mesures de prévention sont ainsi établies sur le site de Notre -Dame dans un contexte réglementaire stricte. Elles comprennent la métrologie d’atmosphère, incluant des mesures régulières à ne pas dépasser des concentrations dans l’air du plomb et de ses composés, ainsi que des valeurs limites biologiques de plombémie pour les travailleurs. Ces mesures régulières permettent de contrôler périodiquement les installations de ventilation par comparaison des concentrations mesurées aux valeurs limites à l’émission et de captage des polluants.
L’article R 4412-149 du Code du travail fixe par ailleurs une valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 0,1 mg/m3 pour le plomb et ses composés. Les valeurs limites biologiques(VLB)à ne pas dépasser sont fixées à 400 µg de plomb par litre de sang pour les hommes et à 300 µg/l de sang pour les femmes.
Le contrôle du respect des valeurs limites réglementaires (VLEP et VLB) du plomb doit être réalisé par des laboratoires accrédités.
Démarche de prévention contre l’exposition au plomb à Notre- Dame
Elle comprend des mesures techniques visant à limiter l’inhalation et l’ingestion de fumées ou poussières de plomb. Elle consiste à réaliser les opérations en enceinte fermée (modification des procédés, captage à la source, ventilation du site, limitation d’accès des zones…).Elle vise à prévenir l’intoxication au plomb du personnelprésent enaspirant systématiquement les poussières avec un aspirateur équipé d’un filtre absolu (pas de balayage qui remet en suspension les particules dans l’air) et à humidifier les sols.
A cela s’ajoute des mesures individuelles d’hygiène stricte et indispensable pour éviter l’ingestion par déglutition de particules de plomb présentes sur les mains, le visage et les vêtements. De nombreux risques se situent en dehors de la zone de travail du fait des dangers de contamination exportée au domicile de l’intervenant.
Il s’agit de mettre en place des vestiaires doubles pour les vêtements de travail et pour les vêtements de ville, créer un sas et douche de décontamination, instaurer le port de combinaison à usage unique, ne pas manger, boire, fumer dans la zone de travail et se nettoyer soigneusement lors de la sortie en insistant particulièrement sur le brossage des mains et des ongles pour éviter toute ingestion nocive.
Les équipements de protection au plomb
Les intoxications aiguës sont très peu fréquentes en milieu professionnel et les risques sont ceux d’une intoxication chroniques par effets cumulatif, en cas de non-respect des règles sécuritaires. L’absorption reste surtout respiratoire, liée avant tout au dégagement de fumées formées de particules d’oxyde de plomb ou de poussières contenant du plomb.
La protection de l’opérateur est assurée par l’utilisation d’équipement de protection individuel comprenant a minima un masque pleine face à ventilation assistée complété d’une combinaison jetable avec capuche (et sous-vêtements jetables), gants et bottes de sécurité.
Pour une exposition plus intensive, des demi-masques avec cartouche filtrante P3 doivent être utilisés pour se protéger des fumées, des poussières et particules de plomb présentes sur site. Ils s’avèrent en outre plus confortable pour l’opérateur et compatible avec son rythme de travail.
Enfin, un masque à adduction d’air, appareil respiratoire isolant, est requis pour des travaux de longue durée dans une zone définie ou dans un espace confiné.
Le masque à adduction d’air est souhaité lorsque son usage ne permet pas l’accès à une zone spécifique du chantier avec un appareil respiratoire isolant ou lorsqu’une protection respiratoire filtrante n’est pas suffisante. L’air est alors fourni via un réseau d’air comprimé. La pièce faciale est connectée à la source d’air comprimé et la soupape à la demande assure à l’utilisateur la quantité exacte d’air respirable demandé.
Aussi, la prévention dans les chantiers de retrait passe-t-elle principalement par la caractérisation de l’exposition et les limitations de l’inhalation et de l’ingestion de plomb par les opérateurs. En tout état de cause, une information relative aux risques particuliers du chantier et aux équipements spécifiques de l’entreprise doit être assurée lors de l’affectation du travailleur sur le chantier.